Pour la plupart d’entre nous, en quoi consiste le travail quotidien ? Quelques réunions, des appels téléphoniques, et surtout, beaucoup de temps passé devant son écran d’ordinateur… En bref, rien qui ne puisse se faire à la plage ou dans son lit. Un constat pas si trivial puisqu’il annonce, peut-être, une mutation profonde dans nos façons de vivre et d’occuper le territoire.

 

Le télétravail en France : état des lieux

Le télétravail n’est pas encore un devoir pour l’employeur, mais c’est déjà un droit pour le salarié. Depuis 2017, le gouvernement a d’ailleurs largement clarifié et simplifié les règles à ce sujet. Pourtant, seuls 6% de la population active en jouissent – alors que 26% seraient éligibles. 

Il est à noter que le télétravail ne se pratique pas forcément à domicile. On considère qu’un salarié télétravail du moment qu’il n’est pas dans les locaux de son entreprise : il peut donc se trouver à l’hôtel, dans un café, en déplacement, ou même à l’étranger…

  

L’équipe de Kactus elle-même, à ses débuts, travaillait dans un co-working.

Le télétravail n’a que des avantages

Pour le salarié, le télétravail permet d’être plus concentré (moins de distractions, moins de pauses-cigarettes sur le parvis), et globalement plus productif. Surtout, travailler près de chez soi permet d’éviter les transports (en moyenne 1h24 tous les jours, pour les franciliens), qui affectent la performance, la sociabilité, l’attachement à l’entreprise et le bonheur en général. 

Pour l’employeur, cette solution n’a que des avantages également. En plus des gains de productivité que nous venons d’évoquer, le télétravail diminue les arrêts maladie de 5,5 jours par an. Il permet aussi de faire des économies sur l’immobilier (des locaux moins grands suffiront) et sur les frais de transports.

Enfin, le télétravail a des conséquences surprenantes, et néanmoins positives, sur l’ensemble de la société. En effet, il diminue le nombre de véhicules en circulation, avec les embouteillages et la pollution qui en résultent. 

 

Une salariée de « Zapier » travaille depuis le porche de sa maison… Et veut vous rendre jaloux.

Quand le télétravail atteint 100% : le cas de l’entreprise distribuée

Mais que se passe-t-il si tout le monde télétravaille, et tout le temps ? L’entreprise peut-elle encore exister ? La réponse est oui : elle existe même déjà, et ça s’appelle une entreprise distribuée !

Citons par exemple Zapier et Buffer aux Etats-Unis, Kumbu et Whodunit en France… Ces entreprises à succès se passent complètement de locaux. Chacun travaille comme il veut, d’où il veut. Pour l’employeur, c’est donc une opportunité de recruter de nouveaux talents n’importe où, loin des villes et même sur plusieurs fuseaux horaires !

Mais attention. N’importe où ne veut pas dire n’importe comment.  Tous les employeurs insistent sur la nécessité de mettre en place une organisation, des rituels solides, et des rendez-vous réguliers, de façon virtuelle, mais aussi « en chair et en os », en louant des salles de réunions ou des espaces pour des séminaires.

Et si vous doutez encore qu’il soit possible d’être un télé-PDG, demandez à Jean-Baptiste Descroix Vernier, magnat du web qui gère une équipe de 250 personnes, sans jamais rencontrer personne physiquement… depuis une péniche à Amsterdam !

     

Mutinerie Village : un co-working à seulement 1h30 de Paris.

Quitter les bureaux, puis quitter les villes ?

La question se pose naturellement. Puisque l’Île de France « ne fait plus rêver les trentenaires », et que 80% des cadres veulent quitter la capitale, le télétravail apparaît comme une libération collective. Peut-être même le prélude à un exode urbain ? C’est crédible, quand on sait qu’en 2017, l’INSEE publiait une étude montrant que la croissance démographique des petites villes était (légèrement) plus importante que celle des grandes.

Crédible, mais aussi souhaitable. En effet, c’est la seule solution pour désengorger les grandes métropoles – Paris en tête – qui sont simplement devenues trop stressantes. Leurs effets délétères sur la santé mentale sont connus depuis des décennies : dépression, troubles anxieux, schizophrénie, etc.

Enfin, la nouvelle répartition géographique des travailleurs pourrait-elle bouleverser, par elle-même, notre rapport au travail ? Et pourquoi pas ? Le salariat est une invention récente, urbaine avant tout, qui n’est pas devenue la norme avant les années 1955-1975. Un exode urbain ne le fera certainement pas disparaître. Mais dans les années qui viennent d’autres formes de contrats, comme le travaille en freelance, pourraient prendre une ampleur nouvelle.